Responses faictes par les consulz

de Vienne sur le commandement que

leur a esté faict de payer le somme

de VIII m[ille] l[ivres tournoi]s

Les consulz de Vienne, respondantz au commandement

que leur a esté faict par monsieur Claude Dubenoist

exequteur des lettres de monseigneur de

Gordes quest de fournir promptement

la somme de huict mil livres t[ournoi]z ez

meins de monsieur maître Sebastien Lyonne

tresorier de ce païs ou daller tenir prison

en Portetreyne à Grenoble, disent avoir

faict assemblée en la mayson commune dudit

Vienne des sytoyens et habitans dicelle et

entre eulx mis en deliberation le faict pourté

par lesdites lettres et commandement lequel, bien

entendu et discouru, lesdits consulz ont

esté chargés par tous lesdits habitans

de remonstrer que ces jours passés quand

la levée de XL m[ille] l[ivres tournoi]z fust mise en

deliberation en lassemblée faicte à

[178 v°] Grenoble en la quelle estoient monseigneur de

Grenoble pour le clergé, messieurs de

Sassennaige et de Laval, de La Baulme et

de Moydieu pour ceulx de la noblesse et

les consulz des neufz villes principalles

du Daulphiné pour ceulx du tiers estat,

ceulx de Dye sestans excusés, fust

remonstré par lesdits consulz que lesdits

habitans desdites villes, quelque bonne

volonté quilz heussent à tout ce quest

du service du roy, repoz et surté du

païs, navoyent toutesfoiz le moyen

de fournir à ladite sommes de deniers

quest excusation à laquelle les habitans

dudit Vienne supplient pour leur regard

mondit seigneur de Gordes sil luy

plaist avoir consideration, car il est

assés notoyre que la ville de Vienne

a esté plus travaillhée et apouvrie

en ses guerres civilles que nulle

autre du Daulphiné. Despuis le

commencement de ses dernières emotions,

[179] le commerce a cessé, le malheur et pouvretté

de ceste sayson non encores veuz ny

ouys de memoyre dhomme a mis les

particulliers quy avoient moyen de vivre

à tel estat que sans la vante de

leurs biens et aultres intollerables

incomodités, ilz ne la peulvent passer.

La ville de Vienne quelle plantereuse

sayson que arrive nabonde quen [mot barré] vins

dont ilz nont recuillis ceste année tant

que leur suffise pour [dr …oys] ceulx

des villages dauthour jà abatus de la

pouvretté de la sayson passée et que

navoient ceste isy recuillis que ung

peu de blez, ont estés mis à sac

par les levées de deniers faictes sur

eulx pour fournir à ceste guerre et

par le passaige de gens de cheval

ou pied, tant françois que estrangiers

quy leur ont mangé le peu de vivres

quilz conservoient et par concussions et

conpositions osté se peu dargent quilz avoient

dont ilz extimoient garder eulx et

[179 v°] leurs pouvres famillhes de peril de

feim ce que a osté tous moyens aux particulliers,

marchantz ou citoyens dudit Vienne de faire

aulcune negotiation avec eulx et de retirer

paycunes de ceulx quy leur doibvent aux

ungz par vente de dansrées, aux aultres

par prest, aux aultres par pentions,

servis ou acensement de leurs biens

et pour aultres ocasions que seroient trop

longues à descouvrir tellement que

avec verité, ilz peulvent dire que tous

les moyens que ilz soloient aultresfois

avoir il ne leur reste que la bonne

voulonté quilz ont tous jours heu de

faire de leur vie tout ce quappertient

aux servisse de sa maesté et lutillité

publicque de ce païs. Pour ces causes,

ont il zestés contrainctz de recourir

aux emprunptz à groz interestz en

la ville de Lyon pour satisfaire leur

[180] cotte de la levée de deniers dernierement

dressée que leur fust seul remède quilz

heurent pour y fournir, que lon voit

ce païs habonder en toute sorte de biens

et en deniers que tant sen fault que en

ses guerres civilles ayent souffert

incomodités quelzconques, que au contraire ilz

ont estés en repoz et se sont par le moyen

delle accrus sur les pouvres gens du tiers

estat et pour la pluspart nont faict

faict servisse quelconques au roy ; aussy

y a il plusieurs eclesiasticques quy ont

plusieurs beneffices possedantz grandz

heritaiges et ont des grandz moyens

de servir aux presentes necessités.

Item, il y a plusieurs petites villes et

bourgades en ce païs où il y a des

habitans quy ont des moyens voyre

plus grandz que plusieurs quon extime

eysés esdites villes telz personnaiges pouroient

[180 v°] estre requis ; ses remonstrances en plusieurs

aultres furent faictes en ladite assemblée, mais

lesdits sieurs de Grenoble, de Sassonaige, de

La Baulme et aultres ny heurent aulcung

esgard, aymarent mieulx mectre toutte la

charge sur le pouvre tiers estat et nonobstant

icelle, ledit sieur de Grenoble selon son intention,

les consulz absentz, fist le despartement

sur lesdites neufz villes, pressant non seullement

ladite ville de Vienne, mais aussy en ce que il

la chargé de huict mil livres pour sa cotte

comme si elle exedoit les aultres endeniers et

moyens, combien quil soit vray et cognu à

chacung que en la ville de Grenoble, si ceulx

quy ont le moyen le voulloient desploier

ung seul se treuveroit plus dargent que

ne feront toute la ville de Vienne ; se questant

assés notoyre et cause que au despartement

venans dehors païs des sommes sil plaict

quelquesfois au roy imposer sur les

principalles villes dudit païs, celle de Grenoble

comme la première et taxée à plus grosse somme

[181] que mille des aultres comme la rayson le veult

bien car elle en a meillheur moyen. A ceste cause,

lesdits consulz, notamment ceulx dudit Vienne, firent

les protestations contenues aux actes faictes

en ladite assemblée ausquelles protestations

lesdits consulz, au nom desdits habitans et ayantz

charge deulx, percistent, offrant neaulmoingz

eulx transpourtez diligemment en la ville

de Lyon et prandre peyne de treuver

dargent à interestz si on les veult

recepvoir à obligation et fournir quelque

somme, suppliantz très humblement mondit

seigneur de Gordes prandre ceste

responce de bonne part et les excuser

sillz ne peulvent satisfaire promptement

et sil plaict à messieurs lels commis

du païs depputer quelcung quy assistent

à leurs diligences de voir de quel pied

ilz y marchent, ilz en seront

très ayses affin quilz ne soyent

cognus de dissimulation et conivence.

[181 v°] Faict à Vienne en la mayson consullaire

ce mardy vingt huictiesme doctobre, lan

mil cinq centz soixante trèze,

par commandement de lesdits seigneurs

les consulz, Savignieu, secretaire

extraict de son original par moy

commissaire susdit

Dubenoict

- TOME : XXI

- F : 178::

- F : 179::

- F : 180::

- F : 181::

- F : 182::

- F : 183::

- EXPEDITEUR : Les consuls de Vienne

- DESTINATAIRE : M. de Gordes

- DATE :

TYPE : reponse

CAT : reelle

- DATE : 1573-10-28

TYPE : expedition

CAT : reelle

- DATE : 1573-10-28

TYPE : expedition

CAT : affiche

- DATE :

TYPE : reception

CAT : reelle

- LIEU : Vienne

TYPE : expedition

GPS : 45° 52' 56'' N ; 4° 87' 43'' E

- LIEU :

TYPE : reception

GPS :

- HYPERLIEN :

- BIBLIOGRAPHIE :

- NOTE :